Méthode pour changer en profondeur ... ensemble
«  La sortie de crise nous inquiète, et les difficultés seront nombreuses. Mais de plus en plus de gens pensent qu’on peut utiliser ce moment particulier pour fonctionner autrement, impulser plus vigoureusement la mise en coherence avec le changement climatique, rééquilibrer une situation d’inégalités plus lourdes que celles de la fin du 19ème siècle (et qui a provoqué les Gilets Jaunes)… et tenir compte de ce que jamais, dans notre histoire, le niveau d’éducation de nos concitoyens n’a été aussi élevé.…
Des difficultés et des opportunités.
Ce qui est sûr, c’est que les changements devront être importants, rapides, très articulés les uns aux autres. Ils devront donc être coordonnés.
Je me demande si ça n’est pas l’occasion de remettre en selle la planification démocratique.
C’était l’époque où le Commissariat au Plan était actif (toute la période de De Gaulle et Pompidou). Ensuite, il s’est délité pendant la mandature Giscard d’Estaing. Le marché a pris la relève. Et le marché, s’il est un puissant facteur de croissance, n’est pas le meilleur outil pour maintenir la Recherche, éviter la désindustrialisation par délocalisation, maintenir notre autosuffisance en matière de Santé et de production de Santé etc..
C’est à cette époque et dans cet environnement que j’ai commencé ma vie professionnelle. Le plan était l’endroit où se retrouvaient toutes les tendances politiques (communistes, gaullistes, MRP, SFIO etc..) et toutes les grandes structures professionnelles (syndicats, patronat etc.). Ils discutaient ensemble et dans un étonnant esprit d’ouverture la prospective établie par les techniciens. Les débats violents avaient lieu à l’Assemblée, mais étaient plus calmes dans les phases d’élaboration. Les quantités et qualités à produire étaient estimées, non obligatoires, mais la plupart s’y conformaient car ça diminuait leur risque de méconnaissance du marché. S’il manquait des entreprises, les aides permettaient de les créer. C’était souvent le cas des entreprises fournisseurs des grands groupes, ces fameuses PME technologiques où la France était déjà très faible comparée à l’Allemagne et l’Italie.
L’Etat se servait des entreprises nationalisées pour impulser la direction.
Pourquoi ce fonctionnement était-il possible? Il y avait un consensus sur ce qui manquait cruellement à la France à l’époque, nous étions en reconstruction et en relance et le Plan était un bon moyen d’y répondre, dans la dynamique du Conseil National de la Résistance.Â
Pour moi nous sommes aujourd’hui dans une situation qui y ressemble partiellement, et qui pourrait permettre une unification des objectifs nationaux (nous serons bientôt devant de gros dégâts économiques et humains … visibles par tous):
– relancer/recréer les PME technologiques pour revenir sur notre ultra-dépendance des imports et la perte de notre industrie
– remettre le social au coeur et réduire les inégalités, y compris s’entendre sur le contenu et le sens du travail et de la consommation
– passer des technologies utilisant les sources fossiles aux technologies respectueuses de l’environnement
– passer à une agriculture à dominante bio en reconcevant/relançant les industries qui environnent les agriculteurs
– mettre au grand jour les chiffres de la répartition (entre les producteurs et le capital) de la richesse créée … et en discuter le niveau pour en faire un objectif. Ce serait le débat politique central, basé sur une mesure réelle, évitant toutes les fantaisies à base idéologique.
La dynamique créée serait suffisamment attractive pour que le désir de fuite des capitaux soit faible.